Attaque mortelle d'un requin
Source "la depeche"
Un jeune de 19 ans a trouvé la mort alors qu’il surfait en compagnie d’un copain à « Secret », un spot réputé de Bourail. En Nouvelle-Calédonie, c’est la première attaque mortelle de requin recensée sur un surfeur. À Bourail, capitale du surf calédonien, c’est la stupeur.
La journée promettait d’être belle. Hier matin, lorsque Kevin, un étudiant âgé de 19 ans et un copain d’enfance de Bourail mettent leur embarcation à l’eau à la base nautique de Poé, c’est pour rallier « Secret », un spot de surf bien connu des habitués. À une vingtaine de minutes en bateau du rivage, l’endroit est situé à environ un kilomètre au sud de l’île Verte, sur une petite passe du récif. Pour les surfeurs confirmés, c’est l’une des plus belles vagues du caillou. En fin matinée, sans doute vers 11 h 30, les deux jeunes sont toujours dans l’eau. C’est à ce momentlà que l’attaque a lieu. Mordu à deux reprises « Apparemment, la première attaque s’est produite lorsque Kevin ramait pour prendre une vague », relate une personne qui connaît bien l’un des deux jeunes. Le requin lui tranche alors net le bras droit. Immédiatement, son camarade se porte à sa hauteur pour lui venir en aide. Mais le requin revient à la charge, à deux ou trois reprises. Il le mord à la cuisse et au mollet droit, avant d’abandonner la partie. Finalement, son copain réussit à hisser Kevin dans le bateau. Puis retour vers la terre ferme, plein gaz. De retour sur la plage de la Roche, les sapeurs-pompiers de la commune sont prévenus. À leur arrivée, ils tentent de réanimer le jeune. Mais il a malheureusement perdu beaucoup de sang. La mise en place d’une procédure de réanimation cardio-pulmonaire restera vaine. Le corps de Kevin Hannecart a été transféré au dispensaire, tout comme son camarade, en état de choc. Le corps de la victime devrait être rapatrié à Nouméa, où il doit être examiné aujourd’hui par des spécialistes. L’étude des morsures devrait permettre d’identifier le type de requin et sa taille.
Surf et Bourail. Les deux mots sont intimement liés depuis des années. Et dès hier, la nouvelle s’est rapidement propagée dans la commune en même temps qu’au sein de la petite communauté des surfeurs, à la manière d’un coup de massue. Car si des requins ont déjà été aperçus dans le secteur, jamais, de mémoire de surfeur bouraillais, une attaque n’a été constatée, que ce soit à Secret ou à la Roche Percée, l’autre spot de la commune. « Secret, c’est un spot où se retrouvent régulièrement entre cinq et dix surfeurs, deux à trois fois par semaine, assure Manu Hernu, un habitué de la mer. Mais après ce qui vient de se passer, on est calmé. Cette attaque risque de remettre en cause beaucoup de choses. » En premier lieu, la fréquentation du spot par les amateurs. Claude Maillaud l’assure d’ailleurs : « Si une attaque a été constatée à un endroit, il est quasiment certain que d’autres pourront survenir à l’avenir. À La Réunion, cite-t-il en exemple, des véliplanchistes avaient investi le front de mer de Saint-Denis. L’un d’eux avait été attaqué, et le site avait été interdit quelques mois avant que son accès ne soit de nouveau autorisé. Cela n’a pas manqué. Une nouvelle attaque s’est produite. » L’avenir immédiat de Bourail risque un peu moins de se conjuguer avec le verbe « surfer ». Dès hier, un communiqué émis par le haussariat incitait à « observer la plus extrême prudence pour l’exercice des activités nautiques. La fin de l’été coïncide avec la période de reproduction des requins, les eaux sont actuellement troubles en raison des récentes précipitations, sont plus chaudes et désoxygénées, ce qui intensifie les risques de rencontres avec les squales qui surnagent et attaquent donc plus facilement dans et hors du lagon. »
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Les précédentes attaques
Huit attaques de requins, y compris celle d’hier, ont été répertoriées au cours des 26 derniers mois. Voici les sept qui ont précédé le drame de Bourail :
• Le 25 janvier 2007, à Koné, Jesse Jizdny a été mordu à la main et à la jambe par un requin-tigre au cours d’une partie de chasse sous-marine. Le squale n’a lâché prise que lorsque le plongeur lui a enfoncé les doigts dans l’oeil.
• En février 2007, un chasseur sous marin a été attaqué et blessé à Ouvéa.
• Le 9 avril 2007, passe de Dumbéa, Olivier Bertholom était assis sur sa planche de surf lorsqu’il a été mordu au pied. L’espèce du requin en cause n’a pas été identifiée.
• Le 30 septembre 2007, à Luengoni (Lifou), Stéphanie Belliard, qui nageait avec une amie à moins d’une centaine de mètres du rivage, a été a t taquée et mordue de la hanche au genou droit. La blessure, infligée par un gros tigre, a été fatale par hémorragie.
• Le 26 avril 2008, Olivier Vilain, 32 ans, qui s’échauffait en eau trouble avant une course entre la darse et l’îlot de Tibarama, à Poindimié, a été mordu au talon et à l’arrière de la cheville droite. La victime pense avoir été attaquée par un requin gris de 1,50 m.
• Le 7 mai 2008, un pêcheur de 40 ans a été mordu aux mollets par deux bébés requins bouledogue, sur le récif au large de Hienghène.
• Le 21 octobre 2008, Nicolas Wright, 24 ans, a été mordu aux jambes, puis relâché, par un requin citron, au cours d’une partie de chasse sous-marine entre les îles Pam et Balabio, dans le nord de la Calédonie.
ne attaque inédite en Calédonie et beaucoup de questions en suspens
Les précédentes attaques
Huit attaques de requins, y compris celle d’hier, ont été répertoriées au cours des 26 derniers mois. Voici les sept qui ont précédé le drame de Bourail :
• Le 25 janvier 2007, à Koné, Jesse Jizdny a été mordu à la main et à la jambe par un requin-tigre au cours d’une partie de chasse sous-marine. Le squale n’a lâché prise que lorsque le plongeur lui a enfoncé les doigts dans l’oeil.
• En février 2007, un chasseur sous marin a été attaqué et blessé à Ouvéa.
• Le 9 avril 2007, passe de Dumbéa, Olivier Bertholom était assis sur sa planche de surf lorsqu’il a été mordu au pied. L’espèce du requin en cause n’a pas été identifiée.
• Le 30 septembre 2007, à Luengoni (Lifou), Stéphanie Belliard, qui nageait avec une amie à moins d’une centaine de mètres du rivage, a été a t taquée et mordue de la hanche au genou droit. La blessure, infligée par un gros tigre, a été fatale par hémorragie.
• Le 26 avril 2008, Olivier Vilain, 32 ans, qui s’échauffait en eau trouble avant une course entre la darse et l’îlot de Tibarama, à Poindimié, a été mordu au talon et à l’arrière de la cheville droite. La victime pense avoir été attaquée par un requin gris de 1,50 m.
• Le 7 mai 2008, un pêcheur de 40 ans a été mordu aux mollets par deux bébés requins bouledogue, sur le récif au large de Hienghène.
• Le 21 octobre 2008, Nicolas Wright, 24 ans, a été mordu aux jambes, puis relâché, par un requin citron, au cours d’une partie de chasse sous-marine entre les îles Pam et Balabio, dans le nord de la Calédonie.
Si nos voisins australiens recensent couramment des attaques de requins sur des surfeurs, le cas de figure est rarissime en Nouvelle-Calédonie . C’est en tout cas la première fois qu’un surfeur est mortellement blessé par un requin. « Cette attaque est véritablement atypique par rapport aux cas recensés en Nouvelle- Calédonie, affirme Claude Maillot, urgentiste au CHT Gaston-Bourret et spécialiste de la question. Dans trois quarts des cas, les attaques connues le sont sur des apnéistes ou chasseurs sous-marins. » C’est-à-dire des situations où ce que les spécialistes appellent la « stimulation alimentaire » entre en jeu. A priori, rien de tout cela dans cette attaque mortelle, survenue par ailleurs à un horaire atypique. D’autres hypothèses peuvent être avancées. « En ce moment, les tortues sont en période de ponte sur la plage de la Roche Percée, avance Malo Hosken, consultant en environnement. Il est possible que le requin ait pu confondre le surfeur avec une tortue. Par ailleurs, les requins sont en période de reproduction et sont plus enclins à défendre leur territoire. » Un dernier élément peut expliquer le drame : après les fortes pluies de ces derniers jours, l’eau du spot ne semblait pas forcément très claire, même à une distance respectable de l’embouchure de la Néra. Un facteur favorisant la présence de certains de ces grands prédateurs.